Des forces obscures sont à l'œuvre autour du 22, rue Garnier, à Neuilly-sur-Seine. L'immeuble abrite le siège des laboratoires Servier, victimes depuis plusieurs mois d'une campagne médiatique orchestrée par une nébuleuse malfaisante... Une campagne indigne. Car Jacques Servier est un brave homme. Certes, il a été maurrassien et partisan de l'Algérie française. Mais qui n'a pas été jeune ?
D'abord, le fondateur du deuxième laboratoire pharmaceutique français et heureux papa du célébrissime Mediator, cet inutile médicament qui aurait déjà fait cinq cents morts selon les estimations officielles et trois selon les organisateurs, est un patron social et protecteur comme on n'en fait plus. Ce n'est pas chez lui que les employés apprendraient leur licenciement immédiat par simple message téléphonique, comme c'est arrivé en décembre dernier à 1700 salariés américains de son concurrent et numéro un français, Sanofi-Aventis... Au contraire, à l'heure où tous les labos dégraissent à tour de bras malgré des bénéfices records, lui accorde une augmentation générale de 3,5 % pour fêter la nouvelle année.
Bien évidemment, la réussite de ce chef d'entreprise exemplaire, qui a fait inscrire dans ses locaux la devise « Où est l'amour des humains, là est aussi l'amour du métier », engendre toutes les jalousies et toutes les cabales. Dans les années 90, on avait voulu l'abattre une première foi avec, déjà, de fallacieuses allégations sur la létalité d'un de ses médicaments phares, l'Isoméride, que les conspirateurs voués à sa perte avaient finalement réussi, à force de manœuvres et de pressions, à faire retirer du marché en 1997.
Les droits-de-l'hommistes germanopratins de la CNIL avaient également tenté de le discréditer avec une histoire de fichage intempestif du personnel et d'anciens policiers et barbouzes engagés pour mener des enquêtes de moralité très poussées. Heureusement, saisi de l'affaire, le parquet de Nanterre, flairant la méchanceté gratuite, avait, dans sa grande sagesse, enterré le dossier... Et voilà qu'aujourd'hui on s'attaque une fois de plus à l'un de ses best-sellers, le Mediator, 145 millions de boîtes vendues en France, sans compter les prescriptions hospitalières...
Comment s'étonner que Jacques Servier finisse par craquer et dénonce le gigantesque complot « mafieux » qui le vise ? Les bonnes âmes - jusqu'à Xavier Bertrand - s'indignent lorsque cet homme qui aime la précision souligne, à propos des victimes de son bébé chéri, qu' « il ne s'agit que de trois morts. Les autres avaient déjà des valvulopathies ». Mais personne ne songe à prendre la défense d'un pauvre petit pépère de 88 ans, proie des sombres agissements d'une organisation souterraine composée de l'INSERM, de l'institut Gustave-Roussy de Villejuif, du ministère de la Santé, de la Caisse nationale d'assurance maladie, de plusieurs agences sanitaires et d'une ligue de médecins ingrats et de cardiaques aigris. Une conjuration de surcroît soutenue par le Figaro, toujours à l'affût d'un ragot susceptible de déstabiliser une entreprise française : ce torchon gauchiste a révélé la semaine dernière qu'en octobre 2009 un rapport interne des laboratoires Servier avait conclu à un lien de cause à effet entre le Mediator et des valvulopathies, et que le labo s'était contenté de modifier la notice...
Dans ce torrent de fiel, une chose, malgré tout, nous rassérène : quand on voit avec quelle pugnacité et quelle énergie il affronte ses ennemis, on est heureux de constater qu'au moins Jacques Servier, lui, n'est pas malade du cœur.
Gérard Biard
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